Emma Jung-Rauschenbach (1882-1955), la femme de C.G. Jung, a su partager sa vie entre sa famille (cinq enfants sont nés de leur union) et son travail. De sept ans plus jeune que son mari, issue d’un milieu aisé et traditionnel, elle l’épouse à l’âge de vingt-et-un ans. Ils vivent pendant six ans à l’hôpital du Burghölzli où travaille Carl Gustav, puis s’installent dans la maison qu’ils font construire à Küsnacht, au bord du lac de Zurich, où ils habiteront tout le reste de leur existence.
Emma Jung s’occupe beaucoup de ses enfants en bas âge, mais Jung l’encourage à vivre aussi sa propre vie et à développer ses intérêts personnels. Très vite elle se trouve associée aux recherches de Jung, à ses activités, et elle devient elle-même analyste. Sa perspicacité est grande, elle voit les êtres et les situations tels qu’ils sont, et sa démarche se fonde essentiellement sur le vécu. La plupart du temps, elle voyage avec Jung et participe aux rencontres et séminaires qu’il anime, par exemple à Polzeath, en Cornouailles, en 1923, en Allemagne où Heinrich Zimmer donne ses conférences, ou à Bailey Island, aux Etats-Unis, en 1936. Elle est bien sûr présente aux rencontres d’Eranos et aux réunions du Club Psychologique de Zurich, où elle assure, avec Toni Wolff, une présence ininterrompue quand Jung s’en retire provisoirement, et où elle donne également des conférences. Quand l’Institut C.G. Jung de Zurich se crée, elle y donne de nombreux cours et en assure la vice-présidence jusqu’à sa mort.
Emma Jung a laissé deux ouvrages : Animus et anima, tiré d’une conférence donnée au Club Psychologique de Zurich en 1931, et La Légende du Graal. Elle a toujours manifesté un très vif intérêt pour l’histoire du Graal, et elle y travaille assidûment pendant de nombreuses années, dès avant la guerre jusqu’à sa mort en 1955. Toutefois, souvent sollicitée pour donner des cours sur ce sujet, elle ne réussit pas à terminer son livre, qui sera achevé — à sa demande — après sa mort par Marie-Louise von Franz.